RENCONTRE – Natasha St-Pier nous présente son compagnon Vincent Bidal

Ils ne conjuguent pas seulement leurs talents de chanteuse et de pianiste sur un album de Noël. Depuis quatre ans, ces deux-là s’aiment au diapason, forts de leurs parcours de vie. Rencontre à Strasbourg.

« J’admire les femmes de caractère, même si je n’ai pas l’impression d’en être une. » La conversation est engagée depuis une dizaine de minutes dans le salon de thé Au Fond du Jardin, institution strasbourgeoise, quand nos yeux s’écarquillent aussi grands que ceux de l’homme qui partage sa vie depuis quatre ans, le pianiste Vincent Bidal. Natasha St-Pier est étonnante. La veille, à notre arrivée dans la ville qui a vu grandir son compagnon, avant de flâner avec eux autour du grand sapin de la place Kléber, on lui avait confié notre amusement face à la tournure patrimoniale de sa discographie. Une nuit de réflexion pour qu’elle le réalise, s’en explique. Depuis dix ans, Natasha chante pourtant les vies de Thérèse de Lisieux et de Jeanne d’Arc dans les églises de l’Hexagone. Ce 10 novembre, elle a sorti un Christmas Album (Warner Music), réinterprétation des « chansons de Noël préférées des Français ».

A 42 ans, elle ne court plus après les modes. Elle a retrouvé le roux de ses débuts mais elle apprécie de vieillir avec un public qui l’a vue débarquer de son Nouveau-Brunswick, province canadienne bilingue, il y a deux décennies. « On m’a toujours cru plus âgée que je ne l’étais, de toute façon ! », ironise-t-elle. La Canadienne dit avoir appris l’importance des textes de ce côté-ci de l’Atlantique. La France est devenue son pays de cœur. Elle a vécu dans les Landes avec le père de son fils Bixente, aujourd’hui âgé de 8 ans. Divorcée, elle a regagné la région parisienne. Avec Vincent Bidal, musicien au service d’Alain Chamfort, Mylène Farmer, Mika ou encore Thomas Dutronc, ils se sont installés dans la banlieue est de la capitale. Natasha a perdu un peu de son accent mais elle a conservé quelque chose d’assez rare dans son milieu. On se connaissait. On l’a retrouvée ponctuelle, obtempérant avec un souci de faire au mieux, au plus vite, dans le cadre de notre shooting à Strasbourg. Pragmatisme nord-américain ou reflet d’une vie spirituelle désencombrée de l’ego d’artiste ? Natasha a la foi, pratique et enseigne le yoga, disserte sur le bonheur sur AirZen Radio. Elle affirme encore : « J’aime mon métier mais il n’est pas la colonne vertébrale de ma vie. » Aveu déstabilisant. Comme sa façon d’être si ancrée, si peu séductrice, qu’on pourrait croire parfois qu’elle tient à distance. « Tu vois !« , lui souffle son compagnon. Natasha et lui se sont connus sur une tournée des églises, alors que Vincent remplaçait le pianiste Jean-Luc Léonardon, accompagnant d’ordinaire la chanteuse.

« Ça n’a pas été un coup de foudre. Il s’agissait d’une collaboration. Il s’est même passé un certain temps avant que nous devenions complices », raconte Natasha. Elle précise : « En fait, chacun avait sa conception des chansons et comme nous sommes deux leaders… » La bascule a lieu après un concert à Lyon, durant lequel, se souvient Vincent, ils ne se regardent « pas une seule fois. » « Ce fut pourtant l’un de nos meilleurs concerts« , poursuit-il. « Nous nous sommes expliqués le lendemain et c’est là qu’on a vraiment appris à se connaître », se remémore-t-elle. On croit deviner le réconfort pour cette expatriée, mère divorcée et artiste ayant suivi des chemins de traverse, de pouvoir compter sur un homme solide, difficilement intimidable, avec des convictions. Elle ne dément pas. Ils s’accordent surtout pour dire qu’à plus de 40 ans, artistes accomplis, ils sont « deux personnes autonomes qui prennent plaisir à se retrouver. » A la maison, sur scène ou en studio. Le Christmas Album de Natasha était « un rêve de petite fille ». Il est devenu réalité avec Vincent, crédité en tant que pianiste et réalisateur. Ils l’ont conçu comme un accompagnement musical des 24 et 25 décembre. Le swing est joyeux, apaisant. Comme leur vie de famille recomposée.

A Strasbourg, dont elle connaît toutes les rues, Natasha a souvent retrouvé l’esprit de Noël, tel qu’on le fête au Canada. Son compagnon a beau se dire d’un naturel impatient, peu disposé pour la pratique de la méditation ou du yoga, la chanteuse s’émeut de la complicité qu’il a su nouer, sans rien forcer, avec son fils, qui le surnomme « Pap’s ». « Vincent, nous chuchote-t-elle, a déjà renoncé à des dates de concert pour ne pas louper des retrouvailles avec Bixente. Le pianiste, plus pudique, dit avoir eu « de la chance » avec cet enfant. Bixente aimerait bien un petit frère ou une petite sœur. Lors d’une récente visite nocturne du Jardin des Plantes, à Paris, le garçonnet s’est arrêté devant des illuminations, sommant sa mère et son « Pap’s » : « C’est là qu’il faut que vous vous mariez ! » Aucun de ces vœux n’est planifié pour 2024, même si Natasha ne reculerait pas devant une demande en mariage. Vraie force de caractère que d’aller vers son bonheur.

Cet article était à retrouver dans le Gala N°1592, disponible le 14 décembre dernier dans les kiosques. Le nouveau numéro de Gala sort ce jeudi 21 décembre 2023. Bonne lecture.

Crédits photos : Delphine Ghosarossian

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